Effets secondaires des antipsychotiques : risques métaboliques et suivi nécessaire

Effets secondaires des antipsychotiques : risques métaboliques et suivi nécessaire
Phoenix Uroboro déc., 22 2025

Prendre un antipsychotique peut sauver une vie. Mais il peut aussi la raccourcir. Ce n’est pas un secret : les antipsychotiques de deuxième génération, pourtant plus efficaces contre les psychoses résistantes, portent un lourd fardeau métabolique. Gain de poids, diabète, cholestérol élevé, pression artérielle haute - ces effets ne sont pas des accidents. Ce sont des conséquences prévisibles, fréquentes, et souvent mal surveillées. Et pourtant, les patients qui en souffrent voient leur espérance de vie réduite de 20 à 25 ans, principalement à cause de maladies cardiaques. Ce n’est pas une fatalité. C’est une question de suivi.

Quels antipsychotiques sont les plus dangereux pour votre métabolisme ?

Tous les antipsychotiques ne se valent pas en matière de risques métaboliques. Certains sont comme des bombes à retardement pour votre poids, votre glycémie et vos lipides. D’autres, en revanche, sont beaucoup plus doux. La différence est énorme.

Olanzapine et clozapine sont les pires coupables. Les patients prenant de l’olanzapine gagnent en moyenne 2 kilos par mois pendant les 18 premiers mois. Près de 30 % d’entre eux prennent plus de 7 % de leur poids corporel. La clozapine n’est pas en reste : elle provoque des pics de glycémie même chez les personnes qui ne grossissent pas. Ces deux médicaments sont les plus efficaces contre les schizophrénies les plus sévères - mais ils augmentent le risque de diabète de type 2 jusqu’à trois fois.

En comparaison, aripiprazole, ziprasidone et lurasidone sont les plus sûrs. Moins de 5 % des patients prenant de l’aripiprazole gagnent plus de 7 % de leur poids. Leur impact sur la glycémie et les lipides est quasi nul. Même si elles sont moins puissantes contre les symptômes psychotiques les plus résistants, elles offrent une alternative viable pour beaucoup.

Le risque métabolique dépend de la façon dont ces médicaments interagissent avec vos récepteurs cérébraux. L’antagonisme des récepteurs H1 (histamine) augmente la faim. L’antagonisme des récepteurs 5-HT2C (sérotonine) perturbe la régulation du sucre dans le sang. C’est pour cela que certains médicaments vous font grossir sans que vous mangiez plus - votre corps ne régule plus correctement les calories ni le glucose.

Le syndrome métabolique : un piège silencieux

Le syndrome métabolique, c’est quand quatre problèmes se présentent ensemble : graisse abdominale, taux de triglycérides élevé, cholestérol HDL bas, pression artérielle haute, et glycémie à jeun élevée. Selon l’Organisation mondiale de la santé, vous avez le syndrome métabolique si vous remplissez au moins deux de ces critères en plus d’un tour de taille élevé.

Chez les patients traités par antipsychotiques de deuxième génération, la prévalence du syndrome métabolique varie entre 32 % et 68 %. Chez les personnes non traitées, elle est de 3,3 % à 26 %. Cela veut dire que plus d’un patient sur trois, sous antipsychotique, est déjà en train de développer un terrain favorable au diabète et aux crises cardiaques - sans même le savoir.

Le pire ? Le cholestérol HDL (le bon) chute chez jusqu’à 58 % des patients. Le taux de triglycérides monte chez plus de la moitié. Et tout ça, même si vous êtes jeune, actif, ou que vous ne mangez pas mal. Les antipsychotiques altèrent directement votre métabolisme. Ils perturbent la façon dont vos cellules utilisent l’insuline. Ils endommagent les mitochondries, ces petites centrales énergétiques de vos cellules. C’est une réaction chimique, pas un manque de volonté.

Scène divisée : à gauche, une jeune femme alarmée par des résultats médicaux ; à droite, la même personne en pleine santé dans un parc.

Le suivi métabolique : ce qu’il faut faire, et quand

Les grandes sociétés médicales - l’American Psychiatric Association, l’American Diabetes Association - ont publié des protocoles clairs depuis 2004, mis à jour en 2019. Pourtant, seuls 38 % des psychiatres aux États-Unis les suivent régulièrement. En France, la situation n’est pas bien meilleure.

Voici ce que vous devez demander avant de commencer un antipsychotique, et après :

  1. Avant le début du traitement : Poids, tour de taille, pression artérielle, glycémie à jeun, cholestérol total, HDL, LDL, triglycérides. Un bilan complet, pas juste un poids sur la balance.
  2. À 4 semaines : Poids, pression artérielle. Si vous avez pris plus de 2 % de votre poids, c’est un signal d’alerte.
  3. À 12 semaines : Tous les paramètres métaboliques de base. Si votre glycémie dépasse 100 mg/dL ou votre HDL tombe en dessous de 40 mg/dL (hommes) / 50 mg/dL (femmes), il faut agir.
  4. Chaque trimestre la première année : Poids, pression artérielle. Une fois par an : bilan sanguin complet.
  5. Après un an : Bilan sanguin complet au moins une fois par an, même si tout semble stable.

Si vous gagnez plus de 5 % de votre poids, votre médecin doit vous proposer un changement de mode de vie. Si vous gagnez plus de 7 %, il faut envisager de changer de médicament. Ce n’est pas une option. C’est une obligation médicale.

Pourquoi les médecins ne suivent-ils pas les recommandations ?

Parce que le système est cassé.

Le psychiatre voit le patient pour la psychose. Le médecin généraliste voit le diabète. Personne ne voit l’ensemble. Les dossiers médicaux ne communiquent pas. Les patients ne savent pas qu’ils doivent demander un bilan métabolique. Et beaucoup de médecins pensent encore que « c’est normal de grossir sous antipsychotique ».

Un patient sur deux déclare avoir été diagnostiqué avec un diabète ou une prédiabète après avoir arrêté son traitement - pas avant. Une étude britannique montre que 42 % des patients n’ont jamais eu leur taux de sucre vérifié pendant leur traitement. Ce n’est pas une négligence isolée. C’est un système qui oublie la santé physique des patients psychiatriques.

Les patients le savent. Sur les forums, on lit : « J’ai arrêté mon traitement parce que j’ai pris 30 kg en un an, et personne ne m’a fait de prise de sang. » Ou encore : « J’ai dû changer pour l’aripiprazole, même si c’est moins efficace, parce que je ne supportais plus de me regarder dans le miroir. »

Groupe de patients en activité bien-être, un arbre lumineux remplace les médicaments dangereux par des alternatives sûres.

Et si on pouvait faire mieux ?

Oui. Et on le fait déjà, ici et là.

À l’hôpital Mass General, un programme intégré a réduit le gain de poids de 50 % chez les patients sous antipsychotiques. Comment ? En combinant nutrition, activité physique, et changement de médicament quand nécessaire. Des diététiciens et des kinésithérapeutes travaillent dans les équipes psychiatriques. Ce n’est pas un luxe. C’est un soin de base.

De nouveaux médicaments arrivent. En 2023, la FDA a approuvé lumateperone (Caplyta), un antipsychotique qui ne fait gagner que 3,5 % de poids en moyenne - contre 23,7 % pour l’olanzapine. C’est une révolution. Et ce n’est que le début. L’Institut national de la santé mentale aux États-Unis finance une étude de 12,5 millions de dollars pour identifier les gènes qui prédisent qui va grossir ou développer un diabète sous antipsychotique. En 2025, on devrait savoir à l’avance qui risque quoi.

Le futur, c’est la personnalisation. Pas « un médicament pour tous ». Mais « quel médicament pour vous, selon votre métabolisme, votre histoire, votre corps ».

Que faire si vous êtes sous antipsychotique ?

Voici ce que vous pouvez faire dès aujourd’hui :

  • Demandez un bilan métabolique complet avant de commencer ou de changer de traitement.
  • Enregistrez votre poids chaque semaine. Un gain de 2 kg en un mois, c’est un signal.
  • Ne laissez pas passer une visite sans demander : « Est-ce que vous avez vérifié ma glycémie et mon cholestérol ? »
  • Si vous gagnez du poids, demandez un changement de médicament - ne l’acceptez pas comme inévitable.
  • Si vous avez un diabète ou un syndrome métabolique, demandez à être suivi par un diététicien spécialisé en santé mentale.

Prendre un antipsychotique ne signifie pas sacrifier votre santé physique. Cela signifie être plus vigilant. Cela signifie exiger mieux. Parce que vous méritez de vivre - pas seulement d’être stable.

Quels antipsychotiques ont le moins de risques métaboliques ?

Les antipsychotiques avec le plus faible risque métabolique sont l’aripiprazole, la ziprasidone et la lurasidone. Ils provoquent très peu de gain de poids, n’augmentent pas significativement la glycémie ou les lipides. L’aripiprazole est souvent choisi pour les patients déjà à risque de diabète ou d’obésité. En comparaison, l’olanzapine et la clozapine ont les risques les plus élevés.

Le gain de poids sous antipsychotique est-il inévitable ?

Non. Il est fréquent, mais pas inévitable. Des études montrent que 30 % des patients sous olanzapine gagnent plus de 7 % de leur poids, mais seulement 5 % sous aripiprazole. Le changement de médicament, associé à un suivi nutritionnel et à une activité physique adaptée, peut réduire le gain de poids de 50 %. Ce n’est pas une question de volonté, mais de choix thérapeutique.

Pourquoi les médecins ne font-ils pas assez de bilans sanguins ?

Parce que le système de santé est fragmenté. Le psychiatre se concentre sur les symptômes psychotiques, le médecin généraliste sur les maladies chroniques, et les deux ne communiquent pas. Les dossiers médicaux ne sont pas intégrés. Beaucoup de professionnels ignorent encore les recommandations. Environ 42 % des patients ne reçoivent jamais de bilan métabolique complet, selon des études en Australie et aux États-Unis.

Qu’est-ce que le syndrome métabolique et pourquoi est-il dangereux ?

Le syndrome métabolique est un ensemble de trois critères sur cinq : tour de taille élevé, triglycérides élevés, HDL bas, pression artérielle haute, et glycémie à jeun élevée. Il augmente le risque de diabète de type 2, d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral. Chez les patients sous antipsychotiques, jusqu’à 68 % en sont atteints - contre 26 % dans la population générale. C’est la principale cause de mortalité prématurée chez les personnes atteintes de troubles psychotiques.

Dois-je arrêter mon traitement si je prends du poids ?

Non, ne l’arrêtez pas sans consulter. Mais demandez immédiatement un changement de stratégie. Si vous avez pris plus de 7 % de votre poids en 6 mois, votre médecin doit envisager de passer à un antipsychotique à faible risque métabolique, comme l’aripiprazole. Arrêter le traitement peut aggraver la psychose. Changer le médicament, en revanche, peut sauver votre santé physique sans sacrifier votre stabilité mentale.