Erreurs courantes de délivrance en pharmacie et comment les prévenir

Erreurs courantes de délivrance en pharmacie et comment les prévenir
Phoenix Uroboro nov., 16 2025

Chaque année, des millions de patients sont exposés à des erreurs de délivrance en pharmacie - des fautes qui peuvent sembler minimes mais qui ont des conséquences graves. Une étude publiée en 2023 dans PubMed montre qu’en moyenne, 1,6 % des prescriptions distribuées contiennent une erreur. Ce chiffre peut grimper jusqu’à 33 % dans certains établissements. Ce n’est pas un problème lointain. C’est quelque chose qui se passe dans votre pharmacie locale, dans l’hôpital voisin, dans la chaîne de distribution que vous utilisez chaque jour.

Les erreurs les plus fréquentes et où elles se produisent

Les erreurs de délivrance ne sont pas toutes les mêmes. Certaines sont simples, d’autres mortelles. Les trois types les plus courants sont :

  • Donner le mauvais médicament, la mauvaise posologie ou le mauvais forme posologique (32 % des erreurs) - par exemple, donner du lorazepam au lieu du clonazepam, ou une comprimé de 10 mg au lieu de 5 mg.
  • Calculer une dose incorrecte (28 % des erreurs) - souvent quand la posologie doit être ajustée selon le poids, la fonction rénale ou l’âge du patient. Un patient âgé recevant une dose d’antibiotique conçue pour un adulte jeune peut souffrir d’effets toxiques.
  • Ne pas détecter une interaction médicamenteuse ou une contre-indication (24 % des erreurs) - comme prescrire un anticoagulant à un patient qui prend déjà un anti-inflammatoire non stéroïdien, augmentant le risque de saignement.

Les médicaments les plus impliqués dans les erreurs graves sont les anticoagulants (31 %), les antibiotiques (28 %), les opioïdes (24 %), les anticonvulsivants (12 %) et les antidépresseurs (9 %). Pour les antibiotiques, plus de 40 % des erreurs viennent du fait que le pharmacien n’a pas vérifié les allergies du patient. Et pourtant, cette vérification prend moins de 10 secondes.

Les causes réelles : ce qui pousse les erreurs à arriver

On a tendance à blâmer le pharmacien. Mais la vérité, c’est que les erreurs viennent rarement d’une négligence volontaire. Elles viennent de systèmes défectueux.

La principale cause ? La pression du travail. 37 % des erreurs surviennent quand le pharmacien est surchargé, avec plusieurs patients en attente, des appels téléphoniques, des demandes de remboursement, et des ordonnances mal écrites qui arrivent en même temps. En 2022, une étude dans 47 pharmacies communautaires a montré que chaque interruption pendant la préparation d’une ordonnance augmente le risque d’erreur de 12,7 %. Une simple conversation avec un collègue, un appel du médecin, ou même un patient qui demande où trouver les sirops pour enfants - tout cela peut détourner l’attention au moment critique.

Les noms de médicaments similaires sont une autre source majeure. Hydralazine et hydroxyzine, metoprolol et propafenone, fluoxetine et fluvoxamine - ces noms se ressemblent à l’écrit, à l’oral, et même dans les systèmes informatiques. Les pharmacies qui n’utilisent pas la technique des lettres en majuscules (Tall Man lettering) - comme HYDRAlazine et HYDROxyzine - ont des taux d’erreurs jusqu’à 57 % plus élevés.

Et puis il y a les ordonnances manuscrites. 43 % des erreurs proviennent encore de prescriptions illisibles. Même avec la numérisation, beaucoup de médecins continuent à écrire à la main, et les pharmacies doivent interpréter. Un « 5 » peut devenir un « 3 », un « 0 » peut ressembler à un « 6 ». Et quand le pharmacien ne connaît pas bien le patient - ses allergies, ses antécédents rénaux, ses autres traitements - l’erreur devient inévitable.

Comment les prévenir : des solutions éprouvées

Heureusement, les erreurs ne sont pas inévitables. Des solutions existent, et elles marchent - si on les applique bien.

La vérification double est la méthode la plus efficace pour les médicaments à haut risque. Pour l’insuline, les anticoagulants, les opioïdes et les chimiothérapies, deux professionnels doivent vérifier indépendamment la prescription, le médicament, la dose, la voie et le patient. Une pharmacie hospitalière a réduit ses erreurs de 78 % en 18 mois en mettant en place ce protocole. Cela prend un peu plus de temps, mais ça sauve des vies.

Le balayage par code-barres est devenu une norme dans les hôpitaux. Avant de donner un médicament, le pharmacien scanne le code-barres du médicament et celui du patient. Si ça ne correspond pas, le système alerte. Une étude nationale en 2023 a montré que cette technologie a réduit les erreurs de 47,3 % : 52 % pour les mauvais médicaments, 49 % pour les mauvaises doses. Et c’est gratuit pour le patient - ça ne coûte que de la formation et du matériel.

Les systèmes d’aide à la décision clinique (CDSS) intégrés aux logiciels de pharmacie alertent automatiquement quand une ordonnance contient une interaction, une contre-indication ou une dose trop élevée. Mais attention : trop d’alertes = alerte fatigue. Un pharmacien sur trois finit par ignorer les alertes parce qu’elles sont trop nombreuses, souvent inutiles. La clé ? Des alertes intelligentes, ciblées, et personnalisées au patient - pas des notifications automatiques qui encombrent l’écran.

La formation continue n’est pas un luxe. Les pharmaciens doivent être formés régulièrement non seulement aux nouveaux médicaments, mais aussi aux erreurs fréquentes. Une session de 30 minutes par mois sur les noms de médicaments à risque, les erreurs de dosage chez les personnes âgées, ou les allergies croisées peut réduire les erreurs de 41 %. Ce n’est pas une dépense - c’est une protection.

Une pharmacienne compare deux médicaments aux noms similaires avec une loupe, des alertes flottantes autour d'elle.

La technologie : un allié, pas un remplaçant

Les robots de dispensation, les intelligences artificielles, les systèmes connectés aux dossiers médicaux électroniques - tout cela semble être la solution idéale. Et dans certains cas, ça l’est. Les robots ont réduit les erreurs de 63 % dans les hôpitaux qui les ont adoptés. L’IA a réduit les erreurs de 53 % dans les essais cliniques.

Mais ces technologies ne fonctionnent pas seules. Un robot peut mal étiqueter un flacon. Une IA peut ignorer un antécédent d’allergie non saisi dans le dossier. Un système électronique peut bloquer une ordonnance légitime parce qu’il ne comprend pas le contexte. La technologie est puissante, mais elle ne remplace pas la vigilance humaine. Elle la renforce.

Le vrai progrès vient de l’hybridation : un pharmacien formé, un système intelligent, et un processus qui oblige à vérifier. Pas un système qui laisse tout à l’ordinateur. Pas un pharmacien qui travaille seul dans le stress.

Le changement culturel : arrêter de blâmer, commencer à apprendre

La plupart des pharmacies ont une culture de culpabilité. Quand une erreur arrive, on cherche le coupable. Le pharmacien a oublié de vérifier. Le technicien a mal lu. Le stagiaire a mal emballé.

Le Dr Michael Cohen, fondateur de l’Institute for Safe Medication Practices, dit clairement : « Les erreurs ne viennent pas des personnes - elles viennent des systèmes qui ne protègent pas les personnes. »

Les pharmacies qui adoptent une culture d’apprentissage - où les erreurs sont signalées sans peur de sanction, analysées pour comprendre la cause racine, et où des changements systémiques sont mis en place - voient leurs taux d’erreurs baisser de 62 %. Ceux qui continuent à blâmer les individus ne réduisent que de 19 %.

Il faut arrêter de penser « Qui a fait l’erreur ? » et commencer à demander : « Pourquoi ce système a-t-il permis que cette erreur arrive ? »

Un patient pose des questions à une pharmacienne sur une interaction médicamenteuse, une alerte holographique entre eux.

Que peut faire un patient ?

Vous n’êtes pas seulement un client. Vous êtes le dernier rempart.

  • Quand vous recevez votre ordonnance, vérifiez le nom du médicament, la dose, et la fréquence. Est-ce que ça correspond à ce que votre médecin vous a dit ?
  • Si le médicament a l’air différent de ce que vous avez pris avant - forme, couleur, taille - demandez pourquoi.
  • Si vous avez une allergie connue, dites-le à chaque pharmacien, même si vous êtes un client régulier.
  • Ne laissez pas passer les explications. Posez des questions : « Qu’est-ce que je dois éviter en prenant ce médicament ? » « Est-ce qu’il peut interagir avec mes autres traitements ? »

Un patient qui pose une question simple peut empêcher une catastrophe. Ce n’est pas de la méfiance. C’est de la responsabilité partagée.

Le futur : vers une sécurité standardisée

En 2025, l’Organisation mondiale de la santé et l’ISMP vont lancer un système mondial de classification des erreurs médicamenteuses. Ce sera la première fois qu’on utilisera les mêmes définitions en France, aux États-Unis, au Japon ou au Brésil. Cela permettra de comparer les données, d’apprendre des meilleures pratiques, et de mesurer réellement les progrès.

Les pharmacies qui adoptent déjà les systèmes intégrés - ordonnances électroniques, vérification double, code-barres, alertes intelligentes - sont celles qui réduisent le plus les erreurs. Et celles qui attendent ? Elles continuent à courir après les dégâts.

La sécurité des patients n’est pas une question de chance. C’est une question de système. Et chaque pharmacie, chaque pharmacien, chaque patient, a un rôle à jouer. Il ne s’agit pas d’être parfait. Il s’agit de ne pas laisser les systèmes défectueux tuer.

11 Commentaires
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    Thomas Sarrasin novembre 16, 2025 AT 13:19

    Je vois trop souvent des erreurs dans ma pharmacie locale. Un jour, j’ai reçu du paracétamol à 1g au lieu de 500mg. J’ai demandé, ils ont corrigé sans broncher. Mais pourquoi ça arrive si souvent ?

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    Gert-jan Dikkescheij novembre 18, 2025 AT 02:36

    La vérification double c’est le minimum syndical pour les anticoagulants et les opioïdes. J’ai travaillé dans un hôpital où on l’a mis en place et les erreurs ont chuté de 80%. C’est pas une dépense, c’est une sécurité. Et les code-barres ? Même les petites pharmacies peuvent les avoir avec un simple lecteur USB. Le vrai problème c’est la culture du « j’ai pas le temps ».

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    Teresa Jane Wouters novembre 18, 2025 AT 17:56

    Vous croyez que c’est juste des erreurs ? Non. C’est un plan. Les laboratoires veulent que vous preniez plus de médicaments. Les noms similaires ? Délibérés. Les alertes inutiles ? Pour vous rendre sourd. Les robots ? Pour remplacer les pharmaciens et que vous n’ayez plus personne à qui parler. Tout ça pour vous vendre des génériques qui ne marchent pas. Et vous, vous les suivez comme des moutons.

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    Véronique Gaboriau novembre 19, 2025 AT 22:32

    Encore un article qui blâme les pharmaciens alors que les vrais coupables c’est les médecins qui écrivent comme des poulets qui marchent sur une machine à écrire ! J’ai eu une ordonnance où « 5 » était un « 3 » et j’ai failli mourir. Et qui paie ? Moi. Qui est puni ? Personne. Les pharmaciens sont des boucs émissaires. La France est un pays de fous.

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    Marc Heijerman novembre 21, 2025 AT 21:01

    Les noms de molécules qui se ressemblent c’est un vrai cauchemar. J’ai vu un mec prendre du fluoxetine au lieu de fluvoxamine parce que le logiciel les a confondus. Et le pire ? Le patient a eu une crise de serotonine. C’est pas une erreur, c’est un crime. Et les pharmaciens sont trop occupés à remplir des papiers pour vérifier. On devrait les former à la neurologie, pas à la comptabilité.

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    Luc Muller novembre 23, 2025 AT 09:07

    La vérification double marche. J’ai vu ça en région parisienne. Mais il faut du temps. Et du personnel. Et les patrons veulent juste plus de ventes. La technologie aide mais elle ne remplace pas l’œil humain. Un robot peut scanner un code mais il ne sait pas qu’un patient a une insuffisance rénale. L’humain, lui, le sait. On doit protéger les pharmaciens, pas les exploiter.

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    Quiche Lorraine novembre 23, 2025 AT 23:34

    Je trouve ça honteux qu’on parle de sécurité médicale en France alors qu’on laisse des médecins écrire à la main en 2024. C’est du n’importe quoi. On est en Europe, pas au Moyen Âge. Et les patients qui posent des questions ? Ils sont trop timides. Il faudrait les obliger à vérifier. C’est leur droit, pas leur caprice. La France est en train de mourir de bêtise.

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    Marc Garnaut novembre 24, 2025 AT 21:41

    La question fondamentale ici n’est pas technique, elle est épistémologique : comment peut-on concevoir un système de santé qui délégitime la vigilance humaine au profit de la logique algorithmique ? La technologie est un prolongement de la conscience, pas un substitut. L’IA ne peut pas intégrer la contingence du vécu corporel du patient. La vérification double n’est pas une procédure, c’est un acte éthique. Et la culture du blâme est une névrose institutionnelle qui empêche toute transformation systémique.

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    titi paris novembre 25, 2025 AT 18:40

    Je suis pharmacien depuis 27 ans. Je vous dis : la vérification double, les code-barres, les alertes intelligentes… tout ça, c’est bien. Mais ce qui marche vraiment, c’est la formation continue. Pas une journée par an. Une séance de 30 minutes par semaine. Et surtout : ne pas avoir 12 patients en attente en même temps. Les pharmaciens ne sont pas des robots. Ils sont des humains. Et les systèmes doivent les protéger, pas les écraser. Merci.

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    Corinne Stubson novembre 27, 2025 AT 02:43

    Et si je vous disais que les erreurs ne viennent pas des systèmes… mais de la corruption ? Que les laboratoires paient les pharmaciens pour qu’ils donnent leurs médicaments chers au lieu des génériques ? Que les logiciels sont truqués pour favoriser certains noms ? Vous pensez que c’est une coïncidence que les mêmes erreurs reviennent dans les mêmes pharmacies ? Je vous le dis : c’est un réseau. Et personne ne veut le dénoncer. Parce que tout le monde est payé. Même vous, en lisant ça, vous êtes complice.

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    Gilles Donada novembre 28, 2025 AT 06:59

    Les patients doivent arrêter de tout attendre des pharmaciens. Si vous ne vérifiez pas votre ordonnance, c’est votre faute. Personne ne vous oblige à prendre ce médicament. Vous avez un téléphone. Vous avez Google. Vous avez un médecin. Arrêtez d’être des victimes. Soyez responsables. Ou arrêtez de vous plaindre.

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