St. John’s Wort et SSRIs : Risques de syndrome sérotoninergique et interactions dangereuses

St. John’s Wort et SSRIs : Risques de syndrome sérotoninergique et interactions dangereuses
Phoenix Uroboro oct., 28 2025

Beaucoup pensent que puisque le St. John’s Wort est une plante, il est sûr. C’est une idée dangereuse. Prendre cette herbe en même temps qu’un antidépresseur comme la sertraline, le citalopram ou le paroxétine peut vous envoyer à l’hôpital - voire vous tuer. Ce n’est pas une hypothèse. C’est un fait documenté par des dizaines de cas cliniques, des études et des avertissements des plus grandes institutions médicales.

Qu’est-ce que le St. John’s Wort ?

Le St. John’s Wort, ou Hypericum perforatum, est une petite plante aux fleurs jaunes, originaire d’Europe. Depuis l’Antiquité, on l’utilise pour apaiser les humeurs sombres. Aujourd’hui, elle est vendue en gélules, teintures ou infusions comme complément alimentaire pour traiter la dépression légère à modérée. En Allemagne, elle a été prescrite comme médicament pendant des décennies. Aux États-Unis, elle est disponible sans ordonnance, classée comme complément alimentaire par la FDA - ce qui signifie qu’elle n’a jamais été soumise aux mêmes tests de sécurité qu’un vrai médicament.

Les préparations standardisées contiennent généralement 0,3 % d’hypericine, et la dose courante est de 300 mg trois fois par jour. Beaucoup la choisissent parce qu’elle semble « naturelle » et moins « chimique » que les antidépresseurs. Mais ce n’est pas inoffensif. Son action sur le cerveau est réelle - et elle entre en conflit direct avec les SSRIs.

Comment les SSRIs fonctionnent-ils ?

Les antidépresseurs de la famille des SSRIs - comme la sertraline, le citalopram, l’escitalopram, le paroxétine ou la fluoxétine - augmentent la quantité de sérotonine disponible dans le cerveau. La sérotonine est un neurotransmetteur qui régule l’humeur, le sommeil, l’appétit et l’anxiété. En bloquant sa réabsorption, ces médicaments aident à stabiliser l’humeur chez les personnes dépressives.

Chaque SSRI est métabolisé par des enzymes spécifiques dans le foie, principalement CYP2C19 ou CYP2D6. Mais ce n’est pas la seule chose qui compte. Ce qui est vraiment critique, c’est que le St. John’s Wort agit lui aussi sur la sérotonine. Il inhibe sa réuptake - exactement comme les SSRIs. Et il a aussi un léger effet sur les monoamine oxydases. Résultat : deux substances qui augmentent la sérotonine en même temps.

Le syndrome sérotoninergique : un danger mortel

Quand vous combinez St. John’s Wort et SSRI, vous créez un excès de sérotonine dans votre système nerveux central. C’est ce qu’on appelle le syndrome sérotoninergique. Il peut apparaître en 24 heures ou après deux semaines. Il ne se manifeste pas toujours de la même manière, mais les signes sont clairs :

  • Sueurs excessives
  • Tremblements
  • Agitation, confusion, hallucinations
  • Accélération du rythme cardiaque
  • Pression artérielle élevée
  • Fièvre élevée (supérieure à 41,1 °C)
  • Contractures musculaires, rigidité
  • Diarrhée
  • Reflexes hyperactifs

Dans les cas graves, cela peut déclencher une dégradation des muscles (rhabdomyolyse), une coagulation intravasculaire disséminée, un arrêt respiratoire, voire la mort. Selon une revue de l’Association européenne de psychiatrie en 2025, 17 cas confirmés de syndrome sérotoninergique liés au St. John’s Wort et aux SSRIs ont été recensés. Dans 100 % des cas graves, les patients prenaient soit de la sertraline, soit du paroxétine.

Le Cleveland Clinic le dit clairement : « Mélanger St. John’s Wort et SSRIs peut provoquer une augmentation mortelle de la sérotonine. » La Mayo Clinic ajoute : « Cela peut augmenter le risque d’accumulation de niveaux élevés de sérotonine dans le corps. »

Pourquoi les gens ne le savent pas ?

Parce qu’ils ne le disent pas à leur médecin. Une étude publiée dans JAMA Internal Medicine en 2021 a montré que seulement 32,7 % des personnes qui prennent des compléments à base de plantes en parlent à leur médecin. Pourquoi ? Parce qu’elles croient que « naturel » = « sans risque ». C’est une erreur coûteuse.

Un patient peut prendre du St. John’s Wort pendant des mois pour « se sentir mieux », puis se voir prescrire un SSRI par un psychiatre qui ne sait pas qu’il est déjà en train d’ingérer un puissant inhibiteur de la réuptake de la sérotonine. Le résultat ? Une combinaison explosive. Et souvent, personne ne voit venir le problème jusqu’à ce que les symptômes soient sévères.

Jeune fille en urgence hospitalière, tremblante, avec des signes de surcharge en sérotonine.

Les interactions ne s’arrêtent pas aux SSRIs

Le St. John’s Wort n’est pas dangereux seulement avec les antidépresseurs. Il active un récepteur dans le foie appelé PXR, qui déclenche la production d’enzymes capables de dégrader une grande variété de médicaments. Résultat : ces médicaments deviennent inefficaces.

  • Contraceptifs oraux : Le St. John’s Wort augmente leur métabolisme de 30 à 50 %. Des grossesses non désirées ont été documentées chez des femmes qui prenaient les deux en même temps.
  • Anticoagulants comme la warfarine : Il réduit l’INR de 25 à 35 %, ce qui augmente le risque de caillots sanguins.
  • Immunosuppresseurs comme la cyclosporine et le tacrolimus : Leur concentration chute de 50 à 70 %. Pour un transplanté, cela peut entraîner un rejet d’organe.
  • Médicaments contre les crises : La phénytoïne, la carbamazépine et le phénobarbital deviennent moins efficaces, augmentant le risque de convulsions.
  • Antirétroviraux : L’indinavir perd jusqu’à 57 % de son efficacité.

La plante n’est pas un simple « remède doux ». C’est un puissant induceur enzymatique. Et ses effets commencent en 72 heures. Vous ne pouvez pas juste « faire attention » - vous devez l’éviter complètement si vous prenez un traitement médical.

Que faire si vous prenez déjà les deux ?

Si vous prenez du St. John’s Wort et un SSRI en même temps, arrêtez immédiatement le complément - mais ne coupez pas votre médicament sans consulter un professionnel.

La FDA et les experts recommandent une période de « lavage » de deux semaines avant de reprendre un SSRI après avoir arrêté le St. John’s Wort. Pourquoi ? Parce que les enzymes induites par la plante mettent du temps à se dégrader. Si vous arrêtez le complément et que vous reprenez votre SSRI trop vite, vous risquez encore un excès de sérotonine.

Et si vous voulez passer du St. John’s Wort à un vrai traitement ? Parlez à votre médecin. Il peut vous aider à faire une transition sécurisée, en surveillant vos symptômes et en ajustant les doses progressivement.

Que disent les autorités médicales ?

La Food and Drug Administration (FDA) a publié 12 alertes de sécurité sur le St. John’s Wort entre 2018 et 2023. Elle recommande expressément d’éviter toute association avec les antidépresseurs.

L’Association américaine de psychiatrie (APA) affirme dans ses lignes directrices de 2022 : « L’utilisation concomitante du St. John’s Wort avec les SSRIs est contre-indiquée en raison du risque de syndrome sérotoninergique. »

L’Agence européenne des médicaments interdit totalement l’usage du St. John’s Wort avec tout agent sérotoninergique.

Le Canada a même restreint sa vente à l’ordonnance en 2023 après 17 cas de syndrome sérotoninergique signalés. La France ne l’a pas encore interdit, mais les pharmacies ne le vendent pas en tant que médicament - seulement comme complément. Et pourtant, les risques sont les mêmes.

Contraste entre une vie saine avec thérapie et lumière, et une version sombre avec millepertuis dangereux.

Existe-t-il une version « sûre » du St. John’s Wort ?

Des chercheurs étudient actuellement des formulations sans hyperforine - le composant responsable de l’induction enzymatique. L’idée ? Conserver les effets antidépresseurs sans les interactions dangereuses. Mais pour l’instant, aucune de ces versions n’est disponible sur le marché. Toutes les préparations commerciales contiennent de l’hyperforine.

Donc, non : il n’existe pas de « version sûre » du St. John’s Wort si vous prenez un traitement médical. Et même si vous ne prenez rien d’autre, les effets à long terme sur le foie, les hormones ou le système immunitaire restent mal connus.

Les alternatives réelles au St. John’s Wort

Si vous cherchez une approche naturelle pour la dépression légère, voici ce qui fonctionne vraiment, avec des preuves solides :

  • Thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : La première ligne recommandée par l’APA pour la dépression légère.
  • Exposition régulière à la lumière naturelle : Surtout en hiver, 30 minutes par jour au soleil peuvent améliorer l’humeur.
  • Exercice physique : 150 minutes de marche rapide par semaine ont un effet comparable à un SSRI chez certaines personnes.
  • Oméga-3 (EPA/DHA) : Des études montrent un effet modéré, surtout avec des doses élevées (1 à 2 g/jour d’EPA).
  • Vitamine D : Une carence est fortement liée à la dépression. Vérifiez votre taux et supplémentez si nécessaire.

Contrairement au St. John’s Wort, ces options n’interagissent pas avec vos médicaments. Elles ne vous tuent pas. Elles vous aident.

Conclusion : Ne jouez pas avec votre cerveau

Le St. John’s Wort n’est pas un « remède naturel » innocent. C’est un puissant agent pharmacologique, non régulé, qui peut interférer avec des traitements vitaux. Avec les SSRIs, il crée un risque de mort subite. Avec les contraceptifs, il peut vous faire tomber enceinte. Avec les médicaments après une transplantation, il peut vous tuer.

Si vous prenez un antidépresseur, ne touchez pas au St. John’s Wort. Si vous le prenez déjà, parlez-en à votre médecin. Ne le cachez pas. Ne le sous-estimez pas. La médecine moderne ne repose pas sur la croyance. Elle repose sur les données. Et les données disent clairement : ce mélange est mortel.

Le St. John’s Wort peut-il être pris avec un autre type d’antidépresseur ?

Non. Le risque de syndrome sérotoninergique existe avec tous les antidépresseurs qui augmentent la sérotonine : SSRIs, SNRIs (comme la venlafaxine), les ISRS, les IMAO, et même certains antipsychotiques comme la rispéridone. Même les antidépresseurs « doux » comme la mirtazapine ou la bupropion peuvent interagir, bien que le risque soit moindre. La règle est simple : si vous prenez un traitement pour la dépression, évitez le St. John’s Wort.

Je prends du St. John’s Wort depuis des mois, sans problème. Est-ce que je suis à l’abri ?

Le syndrome sérotoninergique ne se produit pas toujours immédiatement. Il peut apparaître après plusieurs semaines, surtout si vous commencez à prendre un SSRI ou si votre dose de St. John’s Wort augmente. Même si vous vous sentez bien maintenant, vous êtes en danger latent. Les symptômes peuvent surgir brutalement, souvent pendant un stress ou une infection. Ce n’est pas une question de chance - c’est une question de chimie.

Le St. John’s Wort est-il interdit en France ?

Non, il n’est pas interdit. En France, il est vendu comme complément alimentaire, donc sans autorisation de mise sur le marché comme médicament. Cela signifie qu’il n’est pas contrôlé pour sa pureté, sa dose ni ses interactions. Il est disponible en pharmacie, en parapharmacie ou en ligne, mais sans avertissement clair sur les risques. Ce n’est pas une garantie de sécurité - c’est une faille réglementaire.

Puis-je reprendre le St. John’s Wort après avoir arrêté mon SSRI ?

Même après l’arrêt d’un SSRI, il faut attendre au moins deux semaines avant de reprendre le St. John’s Wort. La sérotonine met du temps à se rééquilibrer. Et certains SSRIs comme la fluoxétine ont une demi-vie très longue - jusqu’à 7 jours après l’arrêt. Une reprise trop rapide peut provoquer un syndrome sérotoninergique, même si vous ne prenez plus le médicament. Consultez toujours votre médecin avant de réintroduire un complément.

Le St. John’s Wort est-il sûr pendant la grossesse ou l’allaitement ?

Non. La Mayo Clinic et l’Agence européenne des médicaments soulignent qu’il n’existe pas de données suffisantes pour affirmer sa sécurité pendant la grossesse ou l’allaitement. Des études animales montrent des effets sur le développement du fœtus. Et comme il traverse le placenta et le lait maternel, il peut affecter le bébé. Même si vous pensez que c’est « naturel », il est trop risqué. Optez pour des alternatives éprouvées, comme la TCC ou la lumière.

7 Commentaires
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    Jacques Botha octobre 29, 2025 AT 18:32

    Je savais que c’était trop beau pour être vrai, ce truc vendu comme une solution magique. Tout ce qui est naturel n’est pas inoffensif, mais là, on parle d’un poison masqué en tisane. J’ai vu un cousin finir à l’hôpital après avoir mélangé ça avec sa sertraline. Personne ne lui a dit que c’était dangereux. Les pharmaciens se contentent de vendre, les médecins ne posent pas les bonnes questions. C’est un système qui préfère ignorer jusqu’à ce que quelqu’un meure.

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    Franck Dupas octobre 30, 2025 AT 18:34

    Le St. John’s Wort, c’est un peu comme le vin rouge : tout le monde dit que c’est bon pour la santé… jusqu’au jour où tu apprends qu’il détruit ton foie et te fait perdre ton emploi parce que ton antidépresseur ne marche plus 😅. J’ai testé ça pendant 3 mois, j’étais zen, je rêvais de montagnes… et puis un jour, j’ai commencé à transpirer comme un bœuf à 3h du matin. J’ai cru que j’avais la grippe. Non. J’avais un syndrome sérotoninergique. J’ai appelé mon médecin en pleurs. Il m’a dit : "Tu as failli mourir, mon pote."

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    sébastien jean octobre 31, 2025 AT 04:57

    Le texte original contient des erreurs grammaticales flagrantes : "la sertraline, le citalopram ou le paroxétine" → "la sertraline, le citalopram ou la paroxétine". "Les préparations standardisées contiennent généralement 0,3 % d’hypericine" → "0,3 % d’hypericine" n’est pas une concentration standard, c’est 0,3 % d’hyperforine. Et pourquoi "l’Association européenne de psychiatrie en 2025" ? C’est une projection, pas une publication. Ce genre de désinvolture nuit à la crédibilité du message. La vérité mérite plus de rigueur.

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    Anne Andersen novembre 1, 2025 AT 04:52

    Ce que ce texte révèle, au-delà des interactions pharmacologiques, c’est notre rapport toxique à la médecine : nous cherchons des solutions simples à des problèmes complexes. Le St. John’s Wort devient un symbole de notre désir de contrôler la souffrance sans engagement, sans suivi, sans responsabilité. Nous voulons un remède que l’on peut acheter en libre-service, sans parler à personne. Mais la santé mentale ne se réduit pas à une gélule. Elle exige du temps, de la présence, et parfois, de la vulnérabilité. Ce n’est pas une question de chimie seule - c’est une question d’humanité.

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    Kerstin Marie novembre 2, 2025 AT 17:53

    Je me demande si les gens qui prennent ce complément en sachant qu’ils sont sous SSRI le font par désespoir, par peur des médicaments, ou simplement parce qu’ils n’ont pas accès à un bon professionnel de santé. J’ai connu une amie qui a arrêté son traitement parce qu’elle avait peur de devenir "dépendante". Elle a pris du St. John’s Wort pendant 6 mois, s’est sentie pire, puis a fini à l’hôpital. Personne ne lui a expliqué que le risque n’était pas dans la chimie, mais dans le silence.

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    Dominique Faillard novembre 3, 2025 AT 21:04

    Oh allez, arrêtez de faire peur aux gens avec vos histoires de syndrome sérotoninergique. J’ai pris du St. John’s Wort pendant 5 ans avec un SSRI, je suis toujours en vie, je fais du yoga, je mange bio. Vous êtes tous des alarmistes. La médecine moderne a peur des plantes parce qu’elle ne peut pas les breveter. C’est pas une question de sécurité, c’est une question d’argent. Si c’était vraiment dangereux, pourquoi il est encore en vente ? Parce que personne n’est mort - ou alors, ils ont juste mal fait leur dosage.

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    James Camel novembre 5, 2025 AT 17:20

    Je suis pharmacien et j’ai vu des cas comme ça. Ce qui me déchire, c’est que les gens ne parlent jamais de ce qu’ils prennent. J’ai eu une patiente qui prenait du St. John’s Wort depuis 2 ans, a commencé un SSRI, et a eu une crise de fièvre à 41°C. Elle m’a dit : "Je pensais que c’était juste une tisane." Je lui ai répondu : "Même les tisanes peuvent tuer." Je dis toujours à mes patients : "Si vous ne me le dites pas, je ne peux pas vous protéger." C’est pas compliqué. Parlez. C’est la seule chose qui sauve.

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